lundi 26 novembre 2018

Saint Mathieu







Saint Mathieu rédigeant son évangile. 


Nous savons aujourd'hui qu'il n'a pas lui même écrit cet ensemble de textes.
Cette icône est donc une allégorie, si l'on peut dire, d'un événement fondateur pour tous les Chrétiens: La rédaction du nouveau testament.
Voyez comme le mobilier est d'une forme étrange. Il est composé dans une "perspective inversée"
Cela implique que le point de fuite, si vous vous souvenez des cours de dessin au collège, n'est pas sur l’horizon, mais sur le bord inférieur du cadre ou vous vous trouvez. 
Le point de fuite ou toutes les lignes convergent, c'est vous !
En fait, tout le décors obéis à cette loi: le tapis sur lequel reposent les pieds du saint, les bâtiments qui se trouvent derrière, les ouvertures, les fenêtres et même le personnage dont le manteau semble s'évaser vers le fond de l'icône. 
Cette manière de représentation est tellement étrange que l'on a pensé pendant longtemps qu'il s'agissait d'une méconnaissance des artistes de l'époque de la représentation dans l'espace.

C'est Bérengère, de l'Atelier Brask qui s'y colle.



Le cadre a été pourvu d'un motif monté au levka et qui sera ensuite peint.
Le fond de l'icône est doré à la feuille.
Les bâtiments sur le fond sont peints dans des couleurs claires afin que le personnage et le mobilier ressortent au premier plan.
Le mobilier est traité à l'ocre rouge pour accueillir les lignes dorées qui viendront ensuite : les "assistes", et qui symbolisent la lumière divine.





Montée des lumières sur le manteau de St Mathieu.






Le cadre est peint en bleu lapis lazuli.

Bravo Bérengère !



lundi 19 novembre 2018

Descente de croix


Cette icône, fut réalisée en reprenant le haut du corps du Christ d’une descente de croix.
Réalisée à tempera sur tilleul, La feuille d’or est posée sur un fond ocre rouge et une couche de mixtion à dorer 3 heures. Une heure environ après la pose, à l’aide d’un chiffon, j’ai frotté (de façon dynamique mais en douceur tout de même) la surface de la feuille d’or à partir du centre de l’Icône vers l’extérieur.
Par cette action, on fait apparaître la sous-couche ocre rouge.
J’ai accentué l’apparition du rouge par frottement local.
Ensuite j’ai voulu faire apparaître le bois autour de la feuille d’or.
Pour cela, le levka a été gratté (l’enduit blanc qui recouvre la planche).
On voit qu’apparaît également sur les bords de l’enduit, la toile posée avant le levka pour maintenir les fibres du bois.
Une fois le bois mis à nu, il a été posé un vernis pigmenté avec une terre.
Oscar Brask


lundi 12 novembre 2018

La vierge de Vladimir



 

100 X 75 cm - visible à l’accueil  des  Saints Anges à Cannes la Bocca .06

La Vierge de Tendresse de Vladimir

Cette fameuse icône de l'école byzantine porte le nom de la ville de Vladimir qui l'accueillit au XIIe siècle. 
Elle est l'une des plus connue du monde chrétien.
La toute première fut réalisée dans les prestigieux ateliers de Constantinople, sur une planche de tilleul, et peinte à tempera (à base de jaune d’œuf et de pigments toujours utilisée de nos jours).
Considérée comme miraculeuse, elle sauva la ville de Moscou des invasions barbares par trois fois. 
L’évangéliste Saint Luc  serait, dit-on, l’auteur du prototype.
Regardons cette Icône.
Voici que nous sommes témoins de ce moment d’intimité entre la Vierge et le Christ, comme surpris dans leurs échanges fait de regards et de gestes silencieux, qu’il nous est demandé de voir.
Humanité et amour se dégagent de ces deux personnages tellement vivants dans leur apparente immobilité, et simplicité de représentation.
La Vierge porte Jésus blotti contre sa joue maternelle, incline son visage sur l'enfant qui lève vers elle un visage portant à la conversation silencieuse. Pourtant elle ne regarde pas l'enfant, mais celui qui fait face à l'icône. Sa main droite porte le Christ, tandis que sa main gauche montre la direction au spectateur de ce qu’il est important de voir.
Le manteau pourpre, Maphorion, couvrant le front et les épaules de la Vierge est orné de l’étoile de la Mère de Dieu signifiant sa triple virginité, avant, pendant et après la conception. Ses cheveux sont enserrés dans un voile vert ou bleu. L’Enfant est revêtu d’un manteau strié d’or (assistes) symbolisant la lumière divine qu’il est le seul à porter avec la Vierge.
Tout est symbolique dans l’icône, les couleurs, les ornements, les objets, tout ce qui y figure doit raconter ce dialogue hors de l’espace et du temps. Bien-sûr le symbole est important, mais l’intensité de la scène dépend de l’iconographe, non par une intention personnelle, mais par un lâcher prise, un abandon total à "ce qui Est". 
La contemplation, la prière permet alors, de passer de l’autre côté de cette fenêtre donnant sur le monde Divin. 
La conversation silencieuse nous est alors révélée. 
Fréquemment réinterprétée aujourd’hui encore, Cette Vierge de Tendresse exprime une 
Elle fait partie du type Vierge de tendresse « Eléousa ».
Oscar
Oscar Brask - Iconographe, fresquiste, professeur d’art. – Email : Oscar.brask@orange.fr

mercredi 7 novembre 2018


L’Archange Gabriel


Gabriel ou « Homme de Dieu » en Hébreux, est le messager céleste envoyé pour annoncer les grands événements.
Il est évoqué dans la Torah, dans le Coran mais aussi sur des poteries mésopotamiennes et dans les textes sumériens. (cf. P. Jovanovic).
Dans l’ancien testament, il apparaît par deux fois dans les songes du prophète Daniel.
Il informe Zacharie de la naissance prochaine de Saint Jean le Baptiste.
Dans le nouveau testament, il est l’archange de l’Annonciation.
Présent lors de la Passion du Christ, il annonce ensuite sa Résurrection au tombeau puis la deuxième venue du Christ en sonnant une trompette dans l’Apocalypse.
Toutes ses apparitions sont autant d’opportunités pour les iconographes de le représenter dans des scènes hautes en intensité et en couleurs.

Tenant une lance dans la main droite, car il est soldat de Dieu, il est parfois pourvu d’un lys lors de l’Annonciation ou d’une trompette au Jugement Dernier.
C’est un personnage aux pouvoirs Divin qui possède sa propre personnalité définie en quelque sorte par les fonctions qu’il occupe. Il nous apparaît de type humain, indifférencié de sexe, plutôt grand et puissant avec 2 grandes ailes et une chevelure abondante et bouclée.
La couleur de ses vêtements est très variable car elle n’est pas toujours liée à un symbolisme rigoureux. Elle est aussi très dynamique afin de transcrire le tempérament guerrier du personnage.
Pour l’iconographe, qui se doit d’être en prière lorsqu’il peint, réaliser la chevelure d’un Archange est un moment de grâce. Nos pensées alors se perdent pour disparaître dans cette succession de mouvements circulaires, hypnotiques. 
Tout est prière : la peinture, le pinceau, le mouvement de la main, puis l’espace infini se révèle, 
nous sommes… chez nous. 
Il est alors aisé de peindre. 
Nous sommes spectateur autant qu’acteur de ce qui se produit, le pinceau semble imprimer de lui-même ses propres trajectoires.

Les fines lignes dorées ou jaunes présentes sur les ailes et parfois aussi sur les vêtements incarnent la lumière divine rayonnant vers celui qui regarde et qui peut voir.
Le fond de l’icône est traité comme souvent à la feuille d’or. Le nimbe est cerclé de rouge et les inscriptions nous indiquent la fonction (Archange), et le nom (Gabriel) du personnage.
Oscar
Oscar Brask - Iconographe, fresquiste, professeur d’art. 
Email : Oscar.brask@orange.fr
 Photos empruntée à Eikonografos