ÉCOLE DE STROGANOV
À la
fin du XVIe siècle
naît, au nord-est de la Moscovie, ce que l'on a pris l'habitude de dénommer
l'école de peinture de Stroganov, du nom de la famille de marchands qui la
protégea, mais dont, en réalité, les caractéristiques apparaissent ailleurs
également à la même époque. Cette école, ou plutôt ce courant correspondant à
une période, privilégia certains traits qui furent bientôt fatals à l'art de l'icône russe, la minutie, l'abondance des détails,
l'effet décoratif menant de plus en plus souvent au maniérisme ;
l'habileté technique va devenir l'élément principal et se substituer au contenu
et à l'expression émotive ; la simplicité des icônes disparaît alors. Les
frères Savine et Prokop Tchirine seront parmi les peintres les plus connus de
ce courant au XVIIe siècle.
Les icônes deviennent, au cours
de cette évolution, de véritables miniatures ; les motifs rehaussés d'or,
les filets dorés foisonnent, les détails réalistes se multiplient, notamment
les représentations architecturales qui tendent vers la miniaturisation. Ces
icônes sont surchargées et on y ajoute en outre, fréquemment, des ornements de
métal, des perles ou des pierres.
Un des
centres principaux de l'école de Stroganov, qui a fait souvent appel pour
débuter à des artistes se rattachant à la tradition de Novgorod, a été la ville de
Solvytchegodsk, sur la rivière Vytchegda, région d'exploitation de salines et
d'une industrie naissante qui a fait la fortune des Stroganov.
L'école de Stroganov a laissé
également de remarquables broderies sur des thèmes religieux, moins connues
mais au moins aussi intéressantes que les icônes (epitaphios, voiles, etc.).
L'influence de ce style se décèle aussi dans les fresques, plus sèches et de
moins bonne venue ; elles connaissent d'ailleurs rapidement leur période
de décadence.
D'après un article de Jean
BLANKOFF
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